Je ne veux pas faire porter le fardeau de ma vie aux autres
Image extraite de : https://www.elle.fr/Love-Sexe/Psycho/Cynthia-Fleury-Le-ressentiment-est-une-peste-emotionnelle-3890323
Cynthia Fleury, propos recueillis par Martin Legros publié le 17 août 2023 (extrait d'un article paru dans Philosophie Magazine)
A ceci près que je ne crois pas aux protocoles pour s’assurer que les individus ne cèdent pas à un « conformisme éthique »
Bernard Pradines
"Comment votre idée de clinique de la dignité aborde-t-elle la question de l’euthanasie ?
Si, comme cela se dessine en France, on ouvre la porte à la légalisation, la difficulté sera d’éviter que l’institution d’un droit à mourir dans la dignité n’entraîne une pression délétère sur les personnes diminuées qui en viendraient à se sentir indignes de la forme de vie, dépendante, qui est la leur. Certes, l’euthanasie est fondée sur le principe du consentement, mais le consentement est pris dans une fabrique sociale du consentement. Et plus l’individu est fragile, plus il risque de s’autopénaliser sous le mode : « Je ne veux pas faire porter le fardeau de ma vie aux autres. » C’est parfois sous l’effet d’une conscientisation de leur indignité que les personnes âgées déclarent vouloir partir. Et l’éthique de la performance qui est la nôtre influe peut-être sur ce débat. Dans tous les cas, il importe de mettre en place des protocoles pour s’assurer que les individus ne cèdent pas à un « conformisme éthique ». Cela relève aussi de la clinique de la dignité. "